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samedi 2 février 2013

De l'importance de la crème solaire dans ma vie

Je suis allée à la plage encore aujourd'hui. J'ai même fait une sieste dessus, dans mon armure de crème solaire fps 60.

Le soleil éclaboussait la minuscule place publique où Ben et moi sommes descendues. J'ai soupiré en sortant du bus qui a malmené nos fesses pendant une bonne heure et quart. Nous sommes à Itapoa, le quartier des plages et des cocotiers. Pour tout l'après-midi, nous prenons des vacances dans le sud. Voui madame!

Mes petits coquinous à la plage. Ils ont enlevé leur casque, pour bronzer égal, tsé.


 Un jus d'ananas, de maracuja et de melon avalé, on trottine quelques minutes sur la promenade, entre la route et la plage

(kilomètres sans fin de blanc et de bleu, de cartes postales et de parasols multicolores)

et descendons les marches de béton pour nous trouver un sanctuaire. Je vais prendre la pose classique: serviette + pieds dans le sable. Les stormtroopers m'accompagnent, fidèles au poste. Un chien errant vient nous sentir. Trois garçons passent en riant, la planche de surf sous le bras. Des hommes nous lancent des oeillades plus ou moins discrètes. Les vendeurs de crèmes glacées, de chips nous tournent autour. Je sors mon cahier et je note. Je regarde les moutons de mer venir mourir sur le sable. Je souris à pleine dents. Un sourire sincère.


Pendant un moment, je somnole, puis la lumière me trouve. Je me retourne et contemple le paysage.
Je suis au Brésil.




Mes extrémités peinturlurées à la plage. Je ne me soucie pas de bronzer égal, moi. Je ne bronze pas, point final. Et j'emmerde les stormtroopers.

Samedi passé, la directrice de l'école où je travaille m'a emmenée dans le Pelourinho, le vieux quartier de Salvador, avec ses touristes, mais aussi ses rues pavées de pierres rondes, ses saletés qui jonchent le sol, ses femmes vêtues de paillettes, ses gens qui dansent et ses musiques trop fortes dans les entrées de petits restaurants surchauffés qui vendent de tout et de rien: des sandwichs, des perruques, des lunettes soleil, des robes indiennes, des cartes postales, un peu de cette joie exubérante. Chaque boutique est grande comme ma chambre, et ne vend qu'une seule chose.

Le cravinho: un alcool fait avec de la cachaça infusée de clou de girofle. Je pense que c'est la meilleure chose que j'ai bu comme alcool depuis le début de ma vie de débauchée clinique.

La place où j'ai mangé avec Lise était remplie de tables et au centre se trouvait un stage avec une chanteuse de pagode, un style de musique plutôt dansant. Les couples autour de moi bougent merveilleusement bien. Les caipirinha étaient parfaites.

Ivete Sangalo, une star au Brésil, chante du pagode, ici  en compagnie d'une personne blonde. 

J'ai enseigné à plusieurs groupes depuis la semaine passée, et j'ai également pas mal d'élèves qui souhaitent des cours privés. Je parle avec eux pendant 90 minutes d'un sujet actuel, je les corrige, et puis j'apprends aussi sur le Brésil: les lois qui font en sorte qu'une discothèque prenne en feu; la religion locale, le condomblé; la nourriture issue des traditions africaines; le déroulement d'un carnaval... Je leur fais écouter ce que j'aime de la musique québécoise, je leur fais répéter l'accent et les tournures de phrases avec les mots d'Ariane, de Pierre, de Beau Dommage, des Colocs, de Vincent.

Je me suis acheté des Havaianas corail, typiques d'ici. Leur claquement rythme mes mouvements dans la ville.

J'aime marcher jusque chez ma professeure de portugais le mardi matin: les gens sont en route vers leur travail, certains coins de rue empestent l'urine et d'autres embaument les mangues mûres et les fleurs exotiques. Les gens sont encore frais et parlent de façon animée au téléphone. J'ai hâte de comprendre cette langue qui semble cascader des centaines de bouches autour de moi.

J'ai encore des grains de sable entre les dents...



vendredi 25 janvier 2013

Minha primeira semana no Brasil



J'écris ceci de mon lit (oh que ça fait solennel!) et il fait 30,5 degrés Celcius. Je fonds littéralement!
Cette semaine, j'ai donné mes premières classes, et je suis retombée en amour avec l'enseignement. J'ai eu deux classes de débutant, ce que je préfère, car je peux mettre à profit mon clown intérieur, faire quelques simagrées, du mime et même quelquefois dessiner (horreur) pour mieux me faire comprendre. Les gens ici sont des Brésiliens qui veulent émigrer au Québec. Lorsque je les questionne sur leurs motivations, une chose revient: la vie est meilleure au Québec.

Ce petit coquin rõde prés des salles de classe! mais je n`ai pas criee en le voyant, non madame! (oui, ceci est écrit d`un clavier brésilien....)



Maman, ne t'inquiète pas! Mais c'est vrai: ici, au Brésil, la vie est beaucoup plus dangereuse. Se promener le soir seule après 21h est presque impossible, du moins, c'est très risqué. On peut se faire voler aux feux rouges, c'est pourquoi les conducteurs de voiture ont le droit, passé 22h, de faire seulement un stop et de repartir. Le rythme de vie est tout simplement celui d'un pays plus pauvre, en prise avec des problèmes de société moins occidentalisée: les policiers sont corrompus, les politiciens ne voient pas à long terme et semblent prendre des décisions sans logique, la population gagne un salaire de base équivalant à 4 dollars. Mais les produits valent environ la même chose qu'au Québec. Par exemple, le litre de lait vaut environ 3,50 R$, soit 1,75$.

Malgré tout, je suis heureuse d'être ici. Mes yeux sont grands ouverts, et j'observe le monde autour de moi. C'est le même ciel au-dessus de ma tête, et l'air qui souffle sur ma peau moite a déjà fait le tour de la terre.

Lors de ma marche quotidienne pour me rendre au travail, je passe tout prés de cette baie. Je ne l`apprecie que  moyennement: je suis occupee á suer :p

Je suis allée cette semaine à la plage Lauro de Freitos. J'y suis allée avec Ben, l'autre professeure de français, et Maria, une colombienne venue étudier à Salvador. Toutes ensemble partageons l'appartement avec 2 autres filles . L'autobus pour y aller est manuel, les bosses nombreuses du chemin, après une heure de transport, sont toutes absorbées par mon pauvre derrière. Peu importe! La plage est magnifique! (et j'ai oublié ma caméra :(  À la plage, j'ai un coup d'œil sur les fameux bikinis brésiliens. Malgré ce qu'on dit des Brésiliennes, peu d'entre elles jusqu'ici ont satisfait les stéréotypes. Ce sont des femmes normales, mais elles s'assument. Elles n'ont pas le choix: la chaleur force à s'habiller plus court, même les plus pudiques.

La nuit tombe très vite ici: vers 18h. Alors que je lève vers le ciel mon visage qui luit (oui, même les détails glamour seront racontés ici!), je me répète tous ces mots qui emplissent ma tête, que j'ai noté dans l'autobus:

-Coco natural R$ 2,00
-Guarana Antartica
-Caio (écrit sur les bancs de bus)
-Gelado
-Pituba
-Itapua
-Lambretta


Après avoir marché et discuté en espagnol sur le sable clair, les filles et moi nous arrêtons à l'un des restaurants de la plage et commandons de la carne del sol et des aipims (du manioc) en frites, accompagnée de farofa (un mélange de farine de manioc et d'huile de dandê (quelque chose que je cherche encore sur les internets)  qui, ensemble, donne une texture semblable au couscous et qui se mange comme tel) et de vinagrete (de la salade faite avec des tomates, des poivrons, de l'oignon et de la coriandre, rafraîchie de vinaigre). La bière en format 1,18 litre est à 3 réals et bien vite, je me sens comme une petite Bukowski à boire de la bière comme ça, sur la plage, à suer avec mon stylo en main, alors que le vent chaud pousse mes feuilles partout.

La lune se pointe, alors que le ciel est de toutes sortes de bleus, et la marée qui redescend fait des piscines dans l'eau: les roches emprisonnent un peu de la mer.

En revenant, je regarde encore par la fenêtre du bus. Dans une ville si grande, les devantures se répètent, facile alors pour moi de reconnaître les boutiques. Les quartiers se succèdent, et tous ces gens... Il y en a tant. Quelles sont leurs vies? Je fronce un peu les sourcils. Les filles assises devant moi dorment.

Je repense à ce que j'ai déjà écrit, quelque part: j'aspire à sortir de ce train de nuit qu'est ma vie.